L’âge d’or de la publicité sur Internet est-il terminé ? Par Augustin Ory.
Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de Pixel News ?
Bonjour, je m’appelle Augustin ORY, j’ai 44 ans, je suis marié, j’ai 3 enfants et suis passionné par le sport et le fait d’entreprendre.
En effet, j’ai créé plusieurs sociétés depuis plusieurs années et y ai toujours pris beaucoup de plaisir.
La dernière, THE MONEYTIZER, connaît un très beau succès et nous nous amusons à développer une belle pépite française de l’ad tech à travers le monde.
Notre plateforme permet aux éditeurs de sites web d’optimiser leurs revenus publicitaires grâce à une technologie performante basée sur le header bidding additionné au fait que nous proposons tous les formats publicitaires existants en « plug and play ».
Nous monétisons déjà plus de 7500 sites à travers le monde avec des bureaux à Paris et New-York.
Quelques mots sur votre parcours professionnel …
Après mes études j’ai travaillé 8 ans chez les autres (3 ans chez Bouygues Telecom et 5 chez NRJ) avant de créer ma première société HORYZON MEDIA : régie publicitaire dédiée aux sites premium. J’ai vendu cette société au groupe PagesJaunes (Solocal) fin 2007.
Après cela, j’ai investi dans plusieurs projets éditoriaux (enfants, automobiles, petites annonces, green, e-commerce, hi-tech, etc) afin de créer un groupe media digital. Ce business model a été compliqué et j’ai par la suite revendu la plupart de mes participations pour me concentrer sur le lancement de THE MONEYTIZER en 2014.
L’usage du mobile a dépassé celui du Desktop. Cela va-t-il bouleverser les modèles et stratégies de monétisation des sites web (formats publicitaires, stratégie « push », …) ?
Oui cela va faire bouger les lignes. Cependant, le desktop représente encore des milliards et des milliards d’impressions.
Le mobile existe au travers de 2 canaux : le web mobile et le mobile applicatif.
Le web mobile est beaucoup plus simple à monétiser car il fonctionne sur les mêmes technologies que le desktop. Il permet notamment la diffusion simple du pavé 300×250 très simplement et permet de diffuser de nouveaux formats adaptés à cet écran (footer , slide in, paralax, interstitiel…).
Le mobile applicatif est bien plus compliqué car les technos sont différentes. En effet, l ‘éditeur doit intégrer un SDK (souvent compliqué à faire). De plus, certaines études montrent que les utilisateurs de mobile utilisent principalement 4 à 6 applis (souvent social communautaire : Facebook, Instagram, Snaptchat, Whatsapp, Twitter…). Le reste est réparti sur des services (météo, banque…) ou sur du jeu.
C’est pourquoi nous avons décidé de ne monétiser que le web mobile qui représente déjà 42% de notre CA.
Les AdBlockers ont le vent en poupe. Quels sont les conséquences et défis pour les acteurs et l’écosystème de la publicité en ligne ?
Nous parlons d’un phénomène très important qui pèse environs 35% des impressions dans le monde.
C’est donc une perte ou un manque à gagner considérable pour les publishers.
Les internautes sont prêts à accepter de la publicité contre la gratuité des contenus si les publicités ne sont pas trop nombreuses ni intrusives. Il y a eu de nombreux abus qui ont dégouté les internautes. Depuis plusieurs mois, les éditeurs ont compris cela et les choses changent doucement.
Nous accompagnons et expliquons toute la journée qu’il ne faut pas dépasser 3 publicités par page et refusons de diffuser des formats trop intrusifs.
C’est par ces comportements responsables que les choses rentreront dans l’ordre. A coté de cela certains éditeurs deviennent déjà payant pour contrer les adblockers.
De nombreuses fraudes publicitaires ont récemment été dévoilés dans la presse spécialisée. Comment lutter contre ce phénomène ?
C’est un sujet compliqué sur lequel nous travaillons tous. Je tiens à rappeler ici que la fraude publicitaire se passe des 2 cotés.
Des beaux annonceurs se retrouvent sur des sites peu fréquentables ou illégaux, mais de bons publishers reçoivent parfois de mauvais annonceurs et/ou « redirects », qui empêchent l’accès a leur site (mobile notamment).
Nous utilisons tous des technologies pour éviter au maximum ces fraudes mais les mailles du filet sont encore trop grosses et les mauvais poissons passent encore. En étant tous vigilants, professionnels et honnêtes nous gagnerons.
Selon vous, quelles sont les clés pour réussir la monétisation de son site internet ?
La première chose est de faire de beaux contenus, frais (mis à jour régulièrement), légaux et exclusifs.
La deuxième chose est de ne pas dépasser 3 à 4 publicités par page et de ne jamais accepter de diffuser de formats trop intrusifs.
Pour finir, il faut travailler avec les bons partenaires (comme The Moneytizer !!) 😉
Quels sont les avantages de la publicité vidéo pour les annonceurs ?
Impact, visibilité, interconnexion avec la cible, temps de parole, puissance du message, performance.
Votre vision sur l’avenir du secteur de la publicité …
La publicité online de demain sera programmatique, vidéo et mobile, avec bonne partie en header bidding (mise en compétition de plusieurs partenaires pour une même impression).
Il y aura toujours un peu de place pour les opérations spéciales, le brand content (sur les sites premium ou influenceurs) mais la grande partie du business sera programmatique.
Les nouvelles technologies d’optimisation de la monétisation (header bidding, yield managment, optimisation des CPM, des taux de remplissage, etc) n’en sont qu’à leur début et ce monde de « tuyaux » va se rapprocher de plus en plus de l’achat et de la vente d’actions en bourse.
Attention donc aux produits « nocifs » …!
Un dernier mot pour les lecteurs de Pixel News …
Ce secteur de la publicité online permet encore à de nombreux entrepreneurs de créer de petites, moyennes ou grandes entreprises avec des taux de croissance assez incroyables !
Les métiers et les technologies évoluent, les contextes juridiques aussi (e-privacy). Cependant, avec un bon jeu de jambes et une belle énergie, il y a de quoi faire de belles choses dans notre marché.
The Moneytizer qui n’a que 3 ans, mais aussi Sublimeskinz, Adyoulike, Adikteev, Critéo, Outbrain et beaucoup d’autres en sont de parfaits exemples.
Pour finir, soyons fiers de notre savoir faire français, de la qualité de nos ingénieurs et développeurs (très enviés aux US) et de nos success stories françaises.
Nous n’avons rien à envier aux autres, alors créons de belles réussites internationales !
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