Interview: Céline Gaude – Directrice de Media Institute
Céline Gaude, directrice de Media Institute, revient avec nous sur l’histoire, l’offre de formation et l’actualité de Media Institute. Elle partage également sa pensée sur le secteur du marketing digital en France avec les lecteurs de Pixel News.
Bonne lecture à tous !
Encore un grand merci pour sa disponibilité et ses encouragements!
Quelques mots sur votre parcours professionnel …
J’ai commencé chez Vivendi où j’ai participé à l’étude de lancement du “cartable électronique”. Ce projet visait à rendre l’apprentissage chez l’enfant plus ludique et plus interactif. Par la suite, j’ai travaillé pour les Editions Montparnasse puis pour France 5 en tant que rédactrice web sur la partie éducation et culture. Puis, j’ai eu l’opportunité d’intégrer Media Institute dont je suis actuellement directrice.
Quelles sont les raisons qui ont amenée à créer Media Institute ?
“Aujourd’hui, nous formons plus de 3500 professionnels par an, dont une centaine de jeunes étudiants.”
Media Institute est une association loi 1901. Elle a été créée au tournant des années 2000, à l’initiative de cinq grands groupes : Havas Media, Ipsos, Lagardère Publicité, France Télévisions Publicité et IP. Ces groupes avaient besoin d’un centre de formation dédié aux médias, d’abord à destination de leurs salariés, puis l’offre a été immédiatement proposée à tout le marché. D’un catalogue de 10 formations, l’association a ensuite étendu ses services à des formations ad hoc et elearning. En 2005 enfin, nous avons créé sous l’impulsion des DRH de la branche publicitaire et du président de l’association, Pierre-François Colleu, une formation en alternance à destination d’étudiants souhaitant se spécialiser dans les médias. Aujourd’hui, nous formons plus de 3500 professionnels par an, dont une centaine de jeunes étudiants.
Quels sont les grands projets de Media Institute pour 2016 ?
Nous avons deux projets, dont l’un a déjà été lancé en partie en début d’année.
Nous avons créé eDU, une plateforme de micro–learning centrée sur les problématiques digitales et animée par un tuteur, pour permettre aux personnes qui viennent se former chez nous de continuer à apprendre après la formation et rester ainsi en veille. Le digital évolue sans cesse, il faut évoluer avec lui !
L’autre projet, encore en développement, vise à élargir les formations de nos étudiants au thème de la (big) data. La réflexion n’est pas totalement aboutie, mais le premier constat nous amène à penser qu’il faut créer plus de ponts entre le monde très technique du Big Data et celui du marketing et de la communication. Il y a de nouveaux métiers dans cet entre-deux et peu de formations pour s’y préparer.
Pourquoi choisir la formation en alternance Media Institute ?
Tous les intervenants de la formation sont des professionnels en exercice”
Le premier point fort est l’accès à un emploi dans le secteur de la publicité. Media Institute dispose d’un important réseau d’entreprises partenaires et met donc en relation directement les futurs étudiants et ces recruteurs. La formation constitue un réel tremplin vers l’emploi, avec près de 80% d’embauche à la sortie, grâce à une approche opérationnelle et en adéquation avec les besoins du marché.
La formation Media Institute apporte aussi un regard complet sur l’ensemble des leviers digitaux afin que les étudiants soient en capacité de répondre à des problématiques multicanal. Nous tenons en particulier à ce que ces jeunes diplômés, quel que soit leur spécialisation, prennent conscience de cet écosystème complexe afin de redonner du sens à leurs tâches quotidiennes.
Enfin, tous les intervenants de la formation sont des professionnels en exercice ce qui permet de bénéficier de leurs expertises, de leurs retours d’expériences, et d’un premier lien vers un réseau professionnel étendu.
Votre vision sur l’avenir du secteur de la publicité …
“In fine, j’ai une vision assez optimiste sur l’avenir du secteur car les marques remettent peu à peu le consommateur au centre”
Nous sommes dans une période charnière pour la publicité, et donc une période extrêmement riche.
Le marché a réalisé que nous sommes arrivés à un point de non retour et qu’il est maintenant nécessaire de s’interroger sur la qualité des contenus proposés et sur la pression publicitaire appliquée sur chaque individu. Le manichéisme doit être absolument banni du débat pour trouver un nouvel équilibre entre les attentes des Internautes et la rentabilité des groupes média. Il n’y a pas de réponse facile face à ces enjeux, mais l’éthique, l’auto-régulation et la pédagogie restent des leviers incontournables à mon sens.
Le second point concernant l’avenir du secteur de la publicité (en réalité, l’avenir de tous les secteurs) porte sur la question de l’automatisation des métiers. La plupart des gens sont maintenant familiers avec la notion d’uberisation, mais l’impact de l’automatisation des tâches sur nos sociétés de demain dépasse pour le moment notre capacité à penser l’avenir.
Très peu d’entreprises préparent leurs salariés à cet horizon. Celles qui le font sont non seulement responsables, mais aussi terriblement courageuses.
In fine, j’ai une vision assez optimiste sur l’avenir du secteur car les marques remettent peu à peu le consommateur au centre, et explorent de nouveaux territoires d’expression avec des résultats parfois très créatifs.
Quels sont actuellement les besoins des entreprises et quels profils les intéressent ?
Les entreprises ont avant tout besoin de gens ‘malins’ et polyvalents. Elles recherchent moins des experts que des personnes curieuses, en veille, et capables de comprendre la chaine de production dans laquelle ils s’insèrent. Il y a aussi d’importants besoins en profils commerciaux et les fiches de poste incluant la compréhension de la data se développement évidemment à grande vitesse.
Le salaire moyen d’un Junior dans la pub…
Le salaire moyen d’entrée se situe entre 28 et 35 K€ bruts par an.
Comment expliquez-vous que beaucoup d’entreprises françaises n’ont pas réussi à prendre le tournant du digital ?
“le mouvement est désormais en marche en France et que la prise de conscience a eu lieu dans tous les secteurs.”
Il y a deux raisons principales je pense.
Il y a bien sûr eu un retard au démarrage. De nombreuses entreprises ont eu du mal à mesurer la révolution des usages qui se préparait. Si l’on se concentre sur le secteur publicitaire, Internet, à ses débuts, ne s’est pas imposé naturellement comme un média à part entière alors qu’il est en passe aujourd’hui de devenir le premier pôle d’investissement média. La conséquence c’est qu’en tant que support de communication, il a longtemps été moins valorisé que les autres médias, quand il n’était pas totalement offert …
En parallèle, je pense qu’il y a aussi une peur ou une réticence devant le changement et l’inconnu. Que l’on soit ou non technophile, il est encore aujourd’hui compliqué pour une marque de savoir comment renouveler sa relation avec le consommateur connecté, comment lui parler, comment créer de l’engagement avec lui, si tant est que cet objectif ait vraiment un sens !
Malgré ce constat, je pense que le mouvement est désormais en marche en France et que la prise de conscience a eu lieu dans tous les secteurs. L’utilisation du mot ‘disruptif’ dans un contexte publicitaire a été initiée par un Français … on a toutes les raisons d’être optimistes 🙂
Selon vous, quelles sont les qualités à développer pour réussir une carrière dans le digital ?
Tout d’abord, et comme dans tous les métiers, il faut être en veille car le digital est source d’innovation constante. Suivre l’actualité est primordial pour ne pas transformer des blocages lexicaux en peur irrationnelle de tout ce qui a trait aux technologies.
Le second point important est de développer son réseau. En tant que jeune diplômé, vous pensez sûrement que vous ne pouvez pas encore constituer un réseau, mais que ce soit vos amis, vos professeurs ou encore vos tuteurs, ils constituent déjà une base riche de contacts qu’il est nécessaire d’activer avant d’en avoir besoin.
Enfin, lorsque l’on souhaite percer dans le digital, il est important d’avoir soi-même une présence sur les réseaux professionnels tels que Twitter, LinkedIN ou d’autres sites plus spécialisés. En bref, il est important d’exister en ligne, voire de participer activement à une communauté en publiant.
Un dernier mot pour les lecteurs de Pixel News ?
Vous êtes une bibliothèque ouverte qu’il faut aussi nourrir ailleurs que sur le Web. Apprenez à déconnecter !